Bonne fête à tous les français !

Aujourd’hui je partage avec vous un look en bleu blanc rouge et en profite pour vous parler un peu de mon rapport à la France. On aime souvent parler des choses négatives mais le positif c’est tellement plus agréable.

Même si je me sens déjà française dans le coeur, c’est uniquement cette année que j’ai décidé de déposer ma demande de naturalisation. Alors si tout se passe bien, l’an prochain je serai française ou plutôt franco-sénégalaise d’origine béninoise.

Cela fait presque 15 ans que je vis en France. J’y suis arrivée au départ pour y poursuivre mes études puis j’ai décidé de rester.

Une fois mon BAC en poche en juin 2001, je n’avais qu’une idée en tête : quitter le Sénégal pour poursuivre mon cursus universitaire en France.

J’avais été acceptée à la fac de droit de Douai, je commençais à préparer les documents pour la demande de visa. J’étais complètement surexcitée car j’allais quitter le cocon familial. Enfin je serais “grande” sauf que je n’avais pas imaginé le bouleversement qu’aurait ma vie à ce moment là.

Il y a d’abord eu l’ascenseur émotionnel du processus de demande de visa, la recherche d’un logement dans une ville qui ne compte en fait aucune infrastructure pour les étudiants, la découverte de la fac, la vie loin des parents, les rencontres, le nouvel ascenseur émotionnel pour l’obtention du premier titre de séjour.

Ah le titre de séjour ! Je n’ai jamais compris la raison pour laquelle la quête de cette petite carte rose pouvait être aussi rocambolesque surtout quand on vit en situation régulière, qu’on travaille et paie ses impôts.

J’ai commencé ma vie en France dans le Nord et s’il n’avait pas fallu que je quitte cette région pour trouver un emploi plus facilement à Paris, j’y serais sans doute restée un peu plus longtemps.

Lorsque j’annonçais que je ferais mes études dans le Nord, on me répondait souvent « ohlala mais il fait froid, il pleut tout le temps là bas ! » Eh bien oui c’est vrai mais j’y ai surtout rencontré des personnes chaleureuses, accueillantes qui ont le vrai sens de la famille. Je suis toujours émue de retourner dans le Nord parce que j’y ai vécu de belles années à l’université et y ai gardé de solides attaches.

Paris c’est différent. A Paris ça bouge beaucoup et je trouve que les relations sont souvent superficielles dans le sens où on ne prend pas le temps de se connaître. On n’a pas le temps : on se rencontre, on se fréquente un peu, puis on se s’éloigne. Il se pourrait néanmoins que ce soit mon état d’esprit de ces derniers années qui m’a empêché de nouer des relations solides et saines dans cette ville.

La chance que j’ai en revanche est qu’à Paris j’ai réussi à renouer le contact avec des camarades de classe de mon lycée au Sénégal. Un cocon solide et rassurant qui me permet de garder un lien avec « le pays » car il peut arriver d’avoir le tournis avec mon rythme de vie. Mes amies parisiennes sont presque toutes mamans, en couple ou séparées, salariées ou Cheffes d’entreprise. Chaque moment passé avec elles m’apporte le boost d’énergie dont j’ai besoin pour avancer. Les meilleurs moments sont ceux où mes amies d’univers différents se rencontrent. J’aime la synergie qui se crée et l’énergie positive qui ressort de ces instants.

Vivre en France m’a permis de prendre mon envol et de profiter de mon indépendance, de la façon dont je construis ma vie et cela malgré que j’ai subi des épisodes malheureux comme le racisme et la discrimination.

Racisme ordinaire dans le milieu professionnel avec les blagues des collègues qui rient à gorge déployée et avec qui je riais de bon coeur jusqu’à ce que je réalise que je participais à cette négation de ma personne et de la communauté noire. La discrimination au moment de rechercher un stage, celle qui existe dans le milieu de la mode avec l’absence de minorités sur les podiums, la nécessité systématique d’avoir à apporter mon fond de teint pour un shooting ou un tournage alors que je suis pourtant bel et bien prévue sur ce tournage ! C’est une somme de petites choses qui au fil du temps font naître de la colère en moi et c’est ainsi que j’ai pris conscience de ma valeur et de l’importance de ne plus laisser faire.

Je suis heureuse de vivre en France et je tends à éduquer celui qui en face de moi n’accepte pas ma différence. Je n’ai pas de temps à perdre certes, mais il est nécessaire d’ouvrir un certain dialogue car j’estime que lorsque j’arrive à faire changer de point de vue ne serait-ce que d’une personne, c’est bénéfique pour la communauté toute entière.

J’aime vivre en France. Je me suis tout de suite sentie bien ici et je pense que cela est surtout dû à la liberté que j’ai de vivre ma vie tout simplement.

Je n’ai pas à me soucier du « qu’en dira-t-on ? » même s’il fait partie de mécanismes que j’ai intégrés depuis l’enfance, j’arrive quand même à m’en défaire pour bon nombre de choses.

J’aime l’idée de rencontrer du monde, n’importe où et n’importe comment. On dit souvent que les parisiens sont ronchons, oui bon ce n’est pas faux, mais j’ai déjà échangé des sourires francs avec des inconnus dans les transports, ce qui m’a mise de bonne humeur pour la journée.

J’aime la possibilité de pouvoir voyager facilement à travers le pays. J’ai il y a quelques semaines découvert  la Montagne. J’ai pris un billet de train à la dernière minute avec ma meilleure amie  (rencontrée à la fac dans le Nord) et sa fille et sommes parties avec le strict minimum.

Cette virée dans les Alpes a sans doute été l’expérience la plus stupéfiante de ma vie.  Au moment où je me suis retrouvée dans la cabine suspendue dans les airs je me suis rendu compte de toute la chance que j’ai de pouvoir découvrir ce genre de choses.

J’ai pourtant vu les chutes du Niagara aux États-Unis, joué en pays Bassari au Sénégal lorsque j’étais enfant, traversé le fleuve Congo à l’adolescence, mais ce moment là, celui où je découvrais toutes ces montagnes enneigées m’a tellement bouleversée que j’en ai pleuré.

J’aime mon indépendance. Je me suis toujours sentie « différente » de tout le monde notamment lorsque je vivais au Sénégal. Pas vraiment sénégalaise, femme émancipée dans une société patriarcale, des idées déjà hors du cadre en matière d’éducation alors que je n’étais qu’adolescente. Ici j’ai trouvé une sorte d’équilibre que je travaille à préserver d’ailleurs. Même si je suis réellement différente !

Jusqu’à peu,  je n’avais pas jugé nécessaire de demander la nationalité française alors que je fais la queue tous les ans à la préfecture à partir de 5 heures du matin. Ce qui me pousse aujourd’hui à demander la nationalité française est que j’ai réalisé à quel point j’aime la France au moment des attentats en janvier 2015. Comme beaucoup j’ai participé à la marche du 11 janvier. Naturellement alors que très honnêtement je n’ai jamais eu d’élan citoyen pour pas grand chose or là c’était une évidence pour moi que j’aime ce pays et la diversité des cultures qui y règne. Dans une même journée j’entends parler Wolof, Mandarin, Lingala, Arabe, Portugais et c’est ce qui fait la force de la France alors j’espère que cette richesse continuera à évoluer et que chacun pourra s’y retrouver avec sa différence.

Quel est votre rapport avec la France ? Qu’est-ce qui vous fait aimer ce pays ? 

Je vous souhaite un bon 14 juillet !

ÉDIT juillet 2017 : je suis ravie de partager avec vous que ma demande de nationalité française a été acceptée. Hasard du calendrier ? J’ai retiré ma carte d’identité et mon passseport Français le jour de mon anniversaire de naissance. J’ai vécu cette journée comme une seconde naissance. Une chance de plus de croire en mes rêves et les réaliser. Ce n’est pas tous les jours qu’on choisit son identité et lorsque l’Univers nous entend et nous accompagne, c’est le moment de profiter de tout ce positif pour aller de l’avant dans tous ses projets. 

Je vous souhaite un beau 14 juillet ! 

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Je porte : Top msmode / Boyfriend jeans Lane Bryant (sold out) / Sandales Yoursclothing (offertes par la marque – old out) / Sac Parfois / Bijoux H&M

Photographie : www.lydexperience.fr @lydexperience

Coiffure : crochet braids par AYAWA Hairstyle en partenariat avec Diouda.fr

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Blogueuse body Positive depuis 2007 Créatrice de #Ibilola et fondatrice de #FrenchCurves gaelle.prudencio@soeuretteproductions.com

9 Comments

  1. Joyeux 14 juillet Gaëlle !!!

    Et vive la France !

    Je suis française bien que je me définis avant tout comme réunionnaise !
    Pourquoi ? Mes solides attaches à mon île, la distance entre la mère patrie et mon petit caillou, le passif pas forcément réjouissant qui a lié La Réunion à la France !
    Mais quoi qu’il en soit, je suis bien contente d’être française pour les diverses régions, les diverses cultures, les diverses confessions, etc… Et peu importe certaines « politiques » de division ! Le peu de fois où je suis venue en métropole, j’ai pu rencontré des gens formidables qui faisaient du vivre ensemble, un mode de vie naturel… 🙂

    Au passage, très joli look, ultra féminin, classe et sexy ! YOUHOU !!! Cocoricoo !

    <3

  2. En tant qu’Alsacienne, je suis très attachée à la France . Nos aïeuls se sont battus pour que nous restons Français.
    J’adore voyager dans mon pays a la recherche de notre histoire, culture, gastronomie et des Français.

    • J’ai adoré l’Alsace. Enfin Colmar et me suis promis d’y retourner durant les fêtes de fin d’année.
      Merci pour ta visite ici et le partage de ton attachement à la France.

  3. Je ne supporte pas ce pays et nourris le dessein de le quitter au plus vite.

  4. Bonjour Gaëlle,

    Joli témoignage.

    Je suis française mariée à un sénégalais (tient donc ^^) , et sommes expatriés en Suisse depuis bientôt 9 ans. Et je dois dire que depuis que je vis içi je me sens plus patriote si je peux dire. Je suis fière d’être française.

    Bien sûr tout n’est pas rose en France mais on a de belles valeurs.
    Notre fille baigne dans 3 cultures, nous essayons de prendre le meilleur de nos 2 nationalités et de notre pays d’adoption.

    Bises Gaëlle.

    • Hello Amélie !
      Quel beau mélange de cultures que vous offrez à votre fille. Elle aura une belle ouverture d’esprit.

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